Depuis le 22 octobre, le théâtre Antoine accueille « Le Fantôme de l’opéra », la toute nouvelle adaptation du roman de Gaston Leroux dont Benoît Solès signe le livret. Si la version anglo-saxonne connaît tous les succès depuis des années à Londres ou New York, il s’agit bien d’un nouveau spectacle auquel peut assister le public parisien.

Le rideau s’ouvre sur la fille de Christine Daaé cherchant à retrouver un journal de sa mère qui vient de mourir. Au fil des pages, elle va entrer dans les coulisses de l’Opéra Garnier et de l’ascension de sa mère cantatrice suite à la rencontre avec un mystérieux ange de la musique l’ayant prise pour élève…

Revisiter un mythe tel que « Le Fantôme de l’Opéra » est un pari risqué tant cette œuvre a marqué le monde du musical. Surtout qu’ici il s’agit de venir avec des chansons originales, un nouveau récit, le tout condensé en 1h20. Ayant vu la version londonienne il y a de nombreuses années, nous étions impatients de découvrir ce que pouvait bien nous préparer cette équipe française. Et ce fut une très agréable surprise.

Parlons tout d’abord des interprètes parfaitement choisis. Bastien Jacquemart est un fantôme inquiétant et charismatique qui, avec sa voix puissante, transporte le public tout comme il séduit Christine. Il confère également un aspect plus humain au personnage avec la chanson finale éponyme, véritable prouesse vocale. Ana Ka nous séduit en Carlotta par sa voix lyrique puissante et son jeu excellent. Elle fait rire, elle émeut et elle se révolte également, donnant de la profondeur à ce personnage haut en couleurs. Fabian Richard nous présente un Firmin sûr de lui mais malmené par le fantôme et dépassé par son orgueil et par les événements. Maélie Zaffran est une Christine Daaé tout en douceur, perdue dans une emprise dont elle ne peut se détacher et pourtant très déterminée. Louis Buisset donne à son Raoul la fougue et la passion du personnage. Catherine Arondel est une Mme Giry tout en élégance, en prestance et en émotion. Enfin, Victor Marichal représente le Persan avec beaucoup de classe.

L’histoire se base sur le roman de Gaston Leroux et reprend les différents épisodes célèbres comme la chute du lustre, l’enlèvement de Christine, le triangle amoureux… Si le récit est plus condensé, il n’en perd pas pour autant son lyrisme et sa passion. On se retrouve réellement plongé dans la vie théâtrale du Paris du XIXe siècle où règnent intrigues, secrets et machinations. Certains passages parlés permettent également de raconter l’origine de cet établissement et de certaines traditions du spectacle. La caractérisation des personnages est particulièrement réussie, chacun ayant un moment le mettant en avant. La mise en abyme du théâtre dans le théâtre est particulièrement réussie grâce aussi à la mise en scène de Julien Alluguette qui utilise l’espace même du théâtre Antoine comme décor. Ainsi, dès le début, le public est salué par Firmin, installé par Mme Giry qui circule à travers les rangées de sièges. L’immersion est totale, avec notamment des costumes splendides, et le spectateur se laisse entrainer dans cette double énonciation. Le lieu s’y prête par ailleurs parfaitement. Une structure en plusieurs parties amovibles se module de façon ingénieuse au fil de l’action, figurant à la fois les coulisses que le plateau, les toits de l’Opéra ou le lac sous-terrain. Les lumières apportent également un réel atout visuel à l’action, mimant le chaos de la chute du lustre ou l’effroi de l’antre du fantôme. Une véritable ambiance s’installe du début à la fin, permettant au spectateur de se laisser porter et de ne pas voir le temps passer.

Les chansons Pierre-Yves Lebert et Marc Demais participent à cette atmosphère parisienne du XIXe siècle. Que ce soit le morceau d’ouverture qui présente l’Opéra, le duo d’emprise entre le fantôme et Christine, la scène burlesque entre Firmin, Carlotta et Mme Giry ou encore tout le passage final entre Raoul, le fantôme et Christine, les voix s’envolent avec une aisance impressionnante. Les parties lyriques s’exécutent avec légèreté. On s’émerveille devant la mélancolie de « Demandez le programme », interprété par Mme Giry. Les titres font avancer l’histoire et en même temps se retiennent facilement. C’est un pari réussi.

« Le Fantôme de l’Opéra » est un spectacle touchant, entrainant et émouvant, servi par une troupe exceptionnelle qui nous fait passer du rire aux larmes. Le récit y est raconté en faisant sentir un amour de la littérature du XIXe siècle. La mise en scène est très inventive. On en ressort époustouflé. A voir absolument.

Audrey C.

Distribution :
Maélie Zaffran : CHRISTINE DAAÉ, La jeune cantatrice
Ana Ka : LA CARLOTTA, Cantatrice Vedette
Bastien Jacquemart : ERIK, Le Fantôme de l’Opéra
Louis Buisset : RAOUL DE CHAGNY
Catherine Arondel : MADAME GIRY
Victor Marichal : GABY, Le Persan
Fabian Richard : M. FIRMIN, Le Directeur de l’Opéra

Équipe artistique
Benoît Solès – Auteur du livret
Julien Alluguette – Metteur en scène
Pierre-Yves Lebert – Auteur des chansons
Marc Demais – Compositeur

OU ? Au théâtre Antoine 

QUAND ? Jusqu’au 11 janvier 2026 

TARIFS : de 16€ à 50€ 

DURÉE : 1h20

https://theatre-antoine.com/event-pro/le-fantome-de-lopera/

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