Depuis le 29 septembre, le théâtre de la Renaissance accueille « Made in France », le nouveau spectacle de Samuel Valensi, qui a déjà signé le succès « Coupures » (disponible en captation sur France TV). Après un passage au théâtre de Belleville et à Avignon, cette nouvelle pièce s’installe à nouveau à Paris. 

Émile est ravi car, après l’avoir attendu depuis des années, il peut enfin partir de la prison pour un centre de détention qu’il quittera chaque matin afin d’aller travailler en usine. Quand il arrive là-bas, il apprend que l’entreprise va être délocalisée et qu’il perd donc son emploi. Il décide donc de se battre pour empêcher cette fermeture. 

Avec « Made in France », Samuel Valensi et Paul-Éloi Forget poursuivent ce qu’ils avaient commencé avec « Coupures », dénoncer les travers de la société et du pouvoir. Ainsi, le public est plongé dans les coulisses d’une fermeture d’entreprise, pourtant rentable, pour la seule raison que la main d’œuvre à l’étranger est moins chère. On se laisse porter par les rouages, les alliances, les trahisons, les coups bas… Chacun y va de son petit profit, feignant de penser à l’intérêt général qui est systématiquement oublié. Tous les personnages ont de bonnes raisons de changer la situation : l’un pour récupérer des voix aux élections, l’autre pour voir sa prime de licenciement augmentée, Emile pour ne pas retourner en prison. Le spectateur assiste alors à un jeu de dupes où le dernier qui aura parlé aura raison. Le parallèle avec la vie politique actuelle est tout particulièrement intéressant à une époque où le gouvernement cherche son chef. L’engagement de la troupe va jusqu’à la distribution de petites coupures qui permettent des réductions chez des producteurs locaux afin de justement faire vivre le « made in France ». 

La mise en scène joue sur un aspect virevoltant, comme on le retrouve régulièrement dans de nombreuses pièces modernes. Une batterie est utilisée pour symboliser la chaîne, les machines de l’usine. Imposante au plateau, elle prend toute sa place également du point de vue sonore puisqu’elle rythme avec beaucoup d’efficacité le travail des ouvriers et parfois leur absence de travail. La batteuse présente ce soir-là était particulièrement impressionnante. C’est un véritable atout de cette mise en scène. Des plaques forment l’élément principal de décor. Elles sont manipulées par les comédiens eux-mêmes de facon à mimer l’engrenage dans lequel l’entreprise est mise et dans lequel chaque personnage s’engouffre. On assiste à une sorte de chorégraphie de ces plaques comme un cercle infernal qui n’a pas de fin. Les lumières apportent aussi à la dramaturgie. Les comédiens interprètent plusieurs personnages grâce à des changements rapides de costumes avec beaucoup de réussite. Ensemble, ils dénoncent, ils font rire, ils interpellent. N’est-ce pas le propre de la satire que d’utiliser l’humour pour faire passer un message ? 

« Made in France » est une pièce à la fois engagée et drôle avec une mise en scène rythmée. Un message à porter avec l’ensemble de l’équipe. 

Audrey C.

Avec
June Assal,
Michel Derville ou Bertrand Saunier,
Thomas Rio,
Valérie Moinet,
Samuel Valensi⁠
à la batterie : Mélanie Centenero ou Chloé Denis

Équipe artistique
Écriture et mise en scène : Samuel Valensi et Paul-Éloi Forget
Assistés d’Alice Hefling et Alexandre Babey ⁠
Scénographie : Bastien Forestier et Sandrine Lamblin⁠ ⁠
Lumières : Geoffroy Adragna ⁠
Musique : Lison Favard, Léo Elso et Mélanie Centenero
Son : Timothée Langlois
Costumes : Carole Nobiron

OU ? Théâtre de la Renaissance, 20, Bd Saint-Martin, 75010 Paris

QUAND ? Jusqu’au 5 janvier 2026 

TARIFS : de 15€ à 39€ 

DURÉE : 1h35

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