Depuis le le 10 septembre, le théâtre  Lepic accueille « Fin, fin et fin », un spectacle de Lancelot Cherer. Après un passage remarqué au festival d’Avignon, la troupe s’installe à Paris afin de faire découvrir son récit au plus grand nombre. 

Le rideau se lève sur un discours du Président de la République, annonçant à la population que la fin du monde est imminente. Charlie, Guillaume et Bastien décident de passer leurs derniers moments en Flandre, en bord de mer pour voir les derniers rayons du soleil. Mais, dans un monde attaqué par les zombies et les catastrophes naturelles, tout ne va pas se passer comme ils l’auraient souhaité. 

Ce qui frappe d’emblée dans cette pièce est la connivence entre les acteurs. Ils nous décrivent une bande de potes avec beaucoup de vérité et de sincérité dans un univers apocalyptique où tout peut arriver. Chaque personnage a son caractère. Charlie est organisée, douée au tir à l’arc, un tantinet pointilleuse. Bastien est rêveur, bon camarade. Guillaume a du mal à exprimer ses sentiments, il est distrait. Ensemble, ils forment une équipe très touchante et que l’on a envie de suivre jusqu’à la fin, quelle qu’elle soit. Ils nous font rire, nous émeuvent, nous interpellent. Cependant, d’autres personnages se mêlent à ceux-ci : Géraldine, la contrôleuse SNCF, Franck, le policier… A la manière des récits à tiroirs, leurs histoires vont s’entremêler avec celle de nos personnages afin de permettre cette fin tant annoncée. Le tout est mené tambour battant, comme pour nous amener à une résolution de problèmes digne des plus grands films américains… qui ne viendra jamais. 

Si l’histoire générale pourrait tout à fait être réaliste, « Fin, fin et fin » nous fait entrer dans un univers déjanté, plein de rebondissements et de surprises (que nous ne dévoilerons pas ici) qui étonnent le spectateur et lui donnent envie de poursuivre l’aventure. Cette pièce est une satire de notre société qui utilise les codes des films catastrophe et des films d’horreur. Ainsi, avec un humour grinçant et percutant, on assiste à une critique du pouvoir, du patronat qui en demande toujours plus. On y voit des hommes politiques corrompus n’hésitant pas à mentir à la population. On y voit un monde proche du chaos qui cherche toujours à fonctionner, comme si de rien n’était. On y voit des hommes et des femmes seuls, perdus, cherchant un sens à leur vie quand plus rien n’a de sens. On y voit une jeune génération consciente du désastre dans lequel elle vit et qui le dénonce à travers l’humour sans jamais se prendre au sérieux. La mise à distance par le rire fonctionne parfaitement. 

La mise en scène est bien pensée puisqu’elle utilise le plateau de façon judicieuse avec des décors minimalistes mais efficaces. Les sons et les lumières s’accordent à l’histoire, permettant de jouer justement avec le public. Pour les costumes des personnages, on retrouve des vestes avec des pièces dessus, comme pour montrer qu’ils ont été abîmés puis réparés, un peu comme leurs personnages. 

« Fin, fin et fin » est une pièce surprenante, drôle et satirique servie par des comédiens qui ne s’économisent pas. Une jolie surprise. 

Audrey C.


De Lancelot Cherer
Mise en scène collective
Avec : Eugénie Thieffry, Baptiste Dupuy ou Enzo Monchauzou et Lancelot Cherer

OU? Théâtre Lepic, 1 avenue Junot, 75018 Paris  

QUAND ? Jusqu’au 30 novembre 2025 

DURÉE : 1h20

TARIFS : de 12€ à 38€ 

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