Depuis le 11 septembre, le Théâtre de l’œuvre accueille « Le dernier cèdre du Liban », la nouvelle création d’Aïda Asgharzadeh. Après le succès des « Poupées persanes » et un succès à Avignon cet été, la pièce s’installe à Paris pour plusieurs mois.

Eva a 16 ans. Elle vit dans le Centre d’Éducation Fermé pour mineurs de Mont de Marsan et apprend la mort d’Anna Duval, sa mère, qui l’a abandonnée à sa naissance. En héritage, elle reçoit une boite qui contient des cassettes contenant des heures d’enregistrement pour lui raconter son histoire. Elle va découvrir ainsi le récit de sa mère, reporter de guerre, qui traversa la Guerre du Liban, le discours d’Arafat à l’Onu, la chute du Mur de Berlin…

A travers cette pièce, Aïda Asgharzadeh met en valeur le métier de reporter de guerre, à l’heure où 54 journalistes ont perdu la vie en 2024. Pourquoi décider de partir vivre ces horreurs uniquement pour donner une information ? Quelles sont les motivations d’un reporter pour tout quitter dans le seul but de faire son métier ? Comment se reconstruire quand on a vu tant de morts ? Quelles séquelles laissent ces voyages ? Peut-on vraiment aimer quand on a vécu le pire ? Tant de questions que pose cette pièce qui s’interroge également sur la quête de l’identité et le besoin d’amour viscéral que chaque être humain peut ressentir. Par le portrait de ces deux femmes, on découvre la même fureur, la même colère dormante qui ne demande qu’à sortir.

Ces récits enchâssés mêlant le passé au présent plongent le spectateur dans une histoire à tiroirs où chaque détail a son importance. Les comédiens jouent plusieurs rôles selon les époques. Même si cette pratique est devenue régulière au théâtre, au début, le spectateur peut ressentir une certaine confusion dans l’identification des personnages masculins, un seul comédien étant présent sur le plateau. Cela se dissipe peu à peu au fil de l’action. On aurait apprécié une caractérisation plus profonde des personnages afin de créer davantage d’émotion. Les lumières et la mise en scène permettent une immersion dans l’histoire et on balaie les époques à travers les différents événements vécus par Anna. La musique et le son occupent une place très importante puisqu’ils sont le lien entre Eva et Anna.

« Le dernier cèdre du Liban » qui rend hommage à tous les reporters de guerre disparus, comme Camille Lepage (décédée à 26 ans). Elle met en lumière ceux qui risquent leur vie pour l’information.

Audrey C.

De Aïda Asgharzadeh

Avec Magali Genoud, Maëlis Adalle, Azeddine Benamara

 Mise en scène : Nikola Carton

OÙ ? : Théâtre de l’œuvre

QUAND ? Jusqu’au 12 avril 2026

TARIFS : de 16€ à 42€

DURÉE : 1h15

https://www.theatredeloeuvre.com/spectacle/le-dernier-cedre-du-liban

Articles recommandés