Depuis le 4 novembre, le théâtre des mathurins accueille « Nos Années parallèles », la nouvelle pièce de Stephane Corbin qui raconte son histoire. Après une création en province, le public parisien peut enfin découvrir ce petit bijou d’émotions.

Le fil entre une mère et son fils est insécable.Entre souvenirs d’enfance, moments de doute, grandes joies, peines indicibles, une mère et son fils reviennent sur leur histoire et abordent un thème difficile : comment accepter la mort d’une personne aussi importante qu’une mère ?

La pièce raconte le parcours de Stéphane Corbin avant et après le décès de sa mère, disparue d’un cancer lorsqu’il avait 23 ans. A travers ses personnages, il redonne vie à sa mère sous les traits de la charismatique Valerie Zacommer et la met en lumière pour lui permettre de raconter son enfance, ses amours, ses douleurs, son lien avec ses parents, son attitude face à la maladie, sa combativité, ses failles aussi. Le duo qu’elle forme avec le talentueux Alexandre Faitrouni dégage beaucoup de complicité et de tendresse. L’un après l’autre ou ensemble, par des jeux de lumière, ils vont nous donner à voir des passages de leur vie ou de la vie d’après. Alexandre Faitrouni campe un fils écorché par l’existence et par des amours malheureuses et cruelles parfois. On est touché par le regard bienveillant de Stéphane Corbin au piano qui observe dans son coin le jeune homme qu’il fut et ses déboires.

Loin d’être caricatural, le récit touche à l’intime grâce à la fois aux deux comédiens chanteurs qu’à l’écriture de la pièce et des chansons. En racontant son deuil, Stephane Corbin s’adresse à chacun d’entre nous et réussit à créer des scènes universelles dans leur émotion. On se souvient notamment du moment de l’enregistrement de la voix de la mère en chanson ou de la fierté de la mère en écoutant les mélodies de son fils. L’art permet de réveiller des émotions enfouies depuis longtemps et cette pièce les révèle avec beaucoup de grâce et de douceur. On pleure et on laisse sortir des choses souvent gardées depuis des années.

C’est beau, c’est vibrant, c’est fort.

La pièce évoque aussi la difficulté de se construire lorsque l’on est différent des autres et de se reconstruire lorsque l’on a perdu ses repères, sans pour autant être larmoyante. On rit, on sourit, on s’émeut, on pleure mais on garde aussi beaucoup d’espoir sur le fait que les liens tissés avec une mère ne disparaissent pas avec la mort, qu’un fil invisible les maintient et qu’on peut continuer à vivre, rire, s’amuser, même quand l’inacceptable est arrivé. C’est ce message d’espoir que Stephane Corbin veut faire passer à travers sa pièce.

Comme pour « 31 » qui nous avait beaucoup plu en 2016, il s’agit de théâtre musical, genre que nous aimons tout particulièrement. Les chansons y font avancer l’histoire. Elles sont écrites avec la patte de son auteur compositeur qui interprète les morceaux en direct au piano. Sans micro et sans artifices, les comédiens s’emparent de ces chansons avec sincérité et vérité. On sort de la salle avec la mélodie du dernier titre en tête, comme une comptine rassurante que l’on emporte avec soi.

Le décor est épuré: un canapé pour la mère avec une table de chevet, un escabeau pour le fils dont il sort plusieurs objets au fil du récit, un portemanteau sur le côté. La robe de Valerie Zaccomer est particulièrement élégante, tout comme le costume d’Alexandre Faitrouni. La mise en scène de Virginie Lemoine réussit à mettre en valeur chacun des passages de la pièce.

« Nos années parallèles » est une pièce qui parlera à l’humain en nous. Elle touche à l’intime dans toute sa vérité. Les comédiens se dévoilent avec tendresse. Les mélodies et les textes sont parfaitement réussis. Un grand merci à toute l’équipe pour ces émotions.

Audrey C.

Une pièce de : Stéphane Corbin

Avec : Valérie Zaccomer et Alexandre Faitrouni

Mise en scène : Virginie Lemoine
assistée de Laury André

Costumes : Julia Allègre 

Piano : Stéphane Corbin

Chronique publiée le 17/11/2024 sur La Rue du bac

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